LA FAMEUSE COUVADE

C'est quoi une couvade ?:

La nature est quand même bien faite. Dans cette odyssée de la vie dans laquelle les hommes contribuent en lâchant sur la ligne de départ leurs meilleurs athlètes spermatozoides qui auront la lourde tâche d'accomplir la course d'orientation la plus mystique qu'il soit, ils passent ensuite les 8 mois, 30 jours et 59 minutes restantes à ne plus rien branler. Mais la science et la psychanalyse sont venues à notre secours, là où dans les années 50 une bonne dose de machisme et de virilité suffisait a justifier socialement et moralement un total détachement face à la grossesse, l'homme moderne dans son égo surdimensionné se devait de reprendre le devant de la scène et s'accaparer une partie de l'attention que l'on réserve à celle qui donnent réellement la vie : Merci à toi ô couvade !
Dans un excès de jalousie extrême mêlé paradoxalement  d'un soulagement hypocrite à ne pas avoir à subir le martyr de l'accouchement, parés dans notre costume d'hyppocampe, nous voulons nous aussi vivre au plus profond de nous (pas trop quand même !) tous les boulersements qu'impliquent une grossesse. Nous ne voulons plus être relégués au statut de spectateur, de taureau donneur de sperme qui se contentera pour les 9 prochains mois à paître tranquille en regardant passer peinard les TER de la SNCF.
Il fallait que nous retrouvions les feux de la rampe, et c'est chose faite.
En ce qui me concerne, j'ai d'abord expérimenté les angoisses de la femme enceinte et ce que quelques jours après l'annonce de l'heureux événement. A partir de la date estimée de conception, tel Horatio Caine dans les Experts Miami, j'ai retracé le fil des choses pour en venir à la conclusion qu'entre les fêtes de Noël et le réveillon de la nouvelle année, j'avais pas eu trop le temps de décuiter. En effet, ce fut une période faste pour mon taux de gamma GT et mon taux de cholestérol. J'imaginais alors mes spermatozoïdes comme des clochards ivres arpentant le col de l'utérus de Madame une bouteille de Villageoise à la main et criant à tue tête des chansons paillardes...les voilà mes dignes représentants génétiques !!! Si bébé a un bec de lièvre et une bosse, ce sera de ma faute, boouuuh.
Ce genre d'idées associées à la peur que la grossesse ne se passe pas bien me filent des palpitations, j'ai littéralement l'impression que l'infractus me guette à tout moment lorsque je pose mon cul sur le canap et que j'essaie de décompresser, je n'arrive plus à respirer et des douleurs dans le haut du bras m'annoncent évidemment un arrêt cardiaque éminent !
Tout comme ma femme, j'ai pris 3 kilos. Je lui concocte des bons ptits plats que nous dévorons comme des porcinets en faisant attention à la liste des aliments défendus pour bébé mais pas pour bibi qui continue à s'empiffrer de cochonnaille et de pinard...d'où les 3 kilos !
J'ai des problèmes digestifs et suis légèrement constipé. Mon ventre est une véritable mongolfière qui se charge de méthane...attention aux flammes, vaut mieux pas craquer une allumette à côté de moi sinon tout explose. Pour rajouter au côté glamour, de nombreuses flatulences, que j'essaie d'être le plus discrètes, s'échappent dans un concerto pour vents qui sentent malheureusement la marée !
Ma vessie fait maintenant la taille de celle d'une ptite vieille à la limite de l'incontinence, et tout comme ma chérie, je me lève au moins 2 fois par nuit pour aller pisser, chose qui ne m'était jamais arrivée auparavant, sauf en cas de fête de la bière à Munich!
Pour en finir avec ma couvade et son effet caméléon pour symptomes de grossesse, j'expérimente également les plaisirs de l'eczéma et de la peau qui tire, j'ai la peau tellement sèche que j'ai l'impression qu'il neige dès que je cède aux démangeaisons et que je me gratte frénétiquement les jambes..bref je désquame à mort ! Sans compter sur les plaques rouges qui rehausse le teint et me donne l'apparence d'un chien galeux.
Vive la couvade, je vais pouvoir continuer à me plaindre !!!