dimanche 27 mars 2016

L'OEUF DE PÂQUES


Traditionnellement, le week end pascal se passe à Gien chez belle maman avec les frères de Madame, enfin du moins quelques uns car ils sont quand même cinq sans compter ses deux autres soeurs. Oui, oui, ça fait du monde, pour la charier un peu, je les appelle de temps en temps les gypsy kings, secrètement bien évidemment car je n'ai pas spécialement envie de me retrouver derrière la caravane, débité en morceaux de choix pour nourrir les cochons !
Belle maman est une femme d'une soixante dizaine d'années passées, elle parle très peu français et elle est sourde ce qui ne facilite pas la communication pour moi qui ne parle pas portugais. Elle ne peut donc pas lire sur mes lèvres comme elle le fait avec ses enfants mais nous avons trouvé le moyen d'établir le lien avec des gestes, des regards et des sourires.
Belle maman a un rapport particulier avec la nourriture, ses chérubins ne doivent manquer de rien et elle les gavent jusqu'à n'en plus finir. Les repas familiaux sont de véritables banquets aux plats tous plus gras les uns que les autres. Lorsque nous préparons à manger avec elle, elle ne peut pas s'empêcher de préparer des amuse gueule en parallèle, genre accras de morue. Elle fait le tour de tout le monde pour donner la becquet à ses petits oisillons tombés du nid qui ne peuvent refuser même s'ils savent pertinemment que vont suivre de gargantuesques plats qu'il faudra évidemment terminer. Elle vient donc nous mettre dans la bouche des accras, deux minutes après ce sont des quartiers de mandarine, puis des bonbons kréma, du quatre quart...aucune logique dans cette succession d'aliment si ce n'est la volonté de nous donner tout ce qu'elle a dans le frigo et les placards.
Ma femme anticipe donc chacun des repas familiaux en arrivant vers 11h pour faire les courses et ainsi éviter qu'on se retrouve avec quinze kilos de barbac, dix kilos d'accras, trente kilos de patates à s'enfourner dans le gosier.
Nous arrivons donc sur place, Madame regarde dans le frigo pour voir ce dont sa mère a besoin avant de filer au supermarché. Elle tourne sa mère vers elle et lui dit dans un dialecte qui m'est inconnu de ne rien préparer pendant que nous partons en courses. Elle insiste bien car elle connait bien sa mère. Nous partons à Auchan et achetons tout ce qu'il faut, poulet à rotir, pommes de terre et carottes, bref de quoi se faire péter le bide et faire donc plaisir à belle maman.
Nous rentrons, je vois belle maman derrière une montagne de frites fraîchement découpées, le sourire aux lèvres, je me retourne et vois mon Gremlins et son oeil qui commence à tiquer...Je m'écarte discrètement car je sens la tempête poindre son nez, j'écarte tout ustensile de cuisine pointu...
"Mais c'est pas VRAI, c'est pas VRAI !!! Je lui ai dit qu'on allait prendre des pommes de terre, qu'est-ce qu'elle a été faire dix kilos de frites ! J'Y CROIS PAAAAS, À CHAQUE FOIS C'EST PAREIL, MAIS QU'EST-CE QUI CLOCHE CHEZ ELLE !?!"
Elle poursuit en criant en portugais et en gesticulant les bras, belle maman secoue la main du genre "ça barde !" et me lance un clin d'oeil avec un sourire complice du genre "je compatis mon pauvre, tu dois prendre cher en ce moment !".
"ET VOUS TROUVEZ ÇA DROOÔLE !"
Qu'est-ce qu'elle est belle ma ptite femme quand elle s'énerve !
Allez c'est pas grave, il y aura juste dix kilos de frites à faire cuire en dix fournées, avec un peu de chance, on mangera vers 15h !!!

enervement femme enceinte

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